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Election présidentielle américaine 2024 : « Ce qui risque de fragiliser plus sûrement Joe Biden, candidat à sa réélection, n’est autre que Joe Biden lui-même »

Au rythme où vont les choses, la mise en accusation du président des Etats-Unis par la Chambre des représentants du Congrès va devenir un exercice annuel, comme l’adoption du budget fédéral ou le relèvement du plafond de la dette. L’ouverture d’une procédure formelle de mise en accusation de Joe Biden par le speaker (président) républicain Kevin McCarthy, le 12 septembre, est en effet la troisième en quatre ans, après les deux visant Donald Trump en 2019 et 2021. A titre de comparaison, les trois premières de l’histoire des Etats-Unis s’étaient étirées sur plus d’un siècle, de 1868 à 1998.
Cette stratégie de harcèlement imposée par une minorité trumpiste radicalisée à un speaker mal élu en janvier, au quinzième tour de scrutin, n’est pourtant pas, pour l’instant, le plus grand péril qui menace Joe Biden. Après des mois d’enquêtes, les républicains de la Chambre ne sont pas parvenus à établir un lien entre les activités lucratives passées de Hunter Biden, le fils prodigue, et sa vice-présidence de 2009 à 2017. Ce qui risque de fragiliser plus sûrement Joe Biden, candidat à sa réélection en 2024, n’est autre que Joe Biden lui-même.
A 80 ans, le plus âgé des présidents de l’histoire des Etats-Unis (le précédent doyen, Ronald Reagan, avait quitté la Maison Blanche avant de devenir octogénaire) sait que la moindre contre-performance publique va désormais faire l’objet de commentaires exhaustifs. Sa dernière conférence de presse tenue à Hanoï, où il est apparu particulièrement fourbu, dans la foulée du sommet du G20, en a constitué un avant-goût.
A l’heure où les absences du chef de la minorité républicain au Sénat Mitch McConnell ou la sénilité avancée de la sénatrice démocrate de Californie Dianne Feinstein soulignent un péril gérontocratique à Washington, Joe Biden va porter son âge comme un fardeau. Le chroniqueur du Washington Post David Ignatius, 73 ans, a précisément pointé ce facteur le 12 septembre. Il a été le premier de ses pairs à inviter publiquement le président sortant à renoncer à la campagne qui pourrait être celle de trop.
Pour expliquer le contraste saisissant entre un solide bilan législatif, une bonne tenue de son camp lors des élections de mi-mandat, la résistance de l’économie américaine malgré de nombreux aléas conjoncturels et une très médiocre popularité, il faut également s’éloigner de l’état civil et revenir au malentendu qui a suivi l’élection de Joe Biden.
La majorité des électeurs américains souhaitaient-ils la victoire d’un pacificateur, après les quatre années de bruit et de fureur du mandat de Donald Trump, ou bien d’un réformateur de l’envergure de Lyndon B. Johnson ? Joe Biden a choisi d’incarner les deux. Il a cru pouvoir raviver la culture du compromis pratiquée pendant son long bail de parlementaire, avant de constater qu’elle devrait se limiter pour l’essentiel au périmètre du Parti démocrate et des calculs électoraux des sénateurs Joe Manchin et Kyrsten Sinema, compte tenu de son étroite majorité au Sénat.
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